Jeudi 18 mai

Justice

Le procureur général part en congé ; lundi, il est convoqué pour audition au Parquet.

Le procureur général Ivan Guechev est convoqué lundi à 10 heures par le Parquet près le Tribunal de grande instance de Sofia pour être auditionné dans le cadre de l’enquête ouverte sur signalement de son adjoint Borislav Sarafov pour trois infractions alléguées : enregistrement illégal d’un membre du CSM ; utilisation illégale d’un bien public (villa) à Borovets et intervention dans une affaire en cours (Barcelonagate). La nouvelle a été annoncée par M. Guechev lui-même devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Il a aussi ajouté qu’il partait en congé « pour des raisons personnelles ». Dans le même temps, le procureur général n’a pas caché sa détermination à s’opposer au procès qu’on lui fait, par des révélations sur l’influence politique au sein du CSM. « Cela sera une très grande honte pour une bonne partie des membres du CSM, pas pour le procureur général ni le Parquet. Et heureusement, pas pour l’ensemble du CSM », a-t-il déclaré. Selon lui, ces révélations auront un effet purificateur sur les influences politiques au sein de la justice. « Je suis fortement convaincu qu’il faut le faire, car il est temps que la politique, y compris en la personne du CSM, quitte la justice », a indiqué M. Guechev.

Hier, lors de la première réunion organisée par le collège des procureurs du CSM au sujet de la demande par six de ses membres de destituer le procureur général pour atteinte au prestige de la justice, M. Guechev a adressé les mêmes menaces de révélations, en demandant des explications à ceux qui avaient signé la demande à son encontre. Il s’est vivement opposé à la proposition que le collège des procureurs examine la plainte de son adjoint Sarafov. Malgré tout, il a été finalement décidé par 4 voix contre 3 de transmettre les griefs de M. Sarafov à la commission éthique et à la commission disciplinaire du CSM. 

Aujourd’hui, lors d’une nouvelle réunion du CSM, cette fois en format plénier, le ministre de la Justice Kroum Zarkov a annoncé qu’il convoquerait une réunion séparée de l’autorité suprême de la justice afin d’examiner tous les scandales autour du Parquet ces dernières semaines. « Il faut que toute la lumière soit faite, que rien ne soit glissé sous le tapis », a souligné le ministre. M. Guechev a soutenu cette proposition de Kroum Zarkov en indiquant que « beaucoup de choses intéressantes » seraient dites à une telle réunion.

« Ce qui se passe est alarmant et même pitoyable », a commenté la présidente de la Cour suprême de cassation Galina Zaharova. Selon elle les événements au Parquet ramènent la justice bulgare dix ans en arrière.

Le président de la République a aussi pris position sur le scandale provoqué par la demande du départ de M. Guechev de son poste de procureur général. « Depuis trois ans, je ne cesse de dénoncer l’imbrication entre politique et justice. […] Il y a quelque chose de plus important que la personnalité d’Ivan Guechev, c’est le Conseil supérieur de la magistrature qui gouverne le système judiciaire et dont tout dépend », a commenté le président Radev. « La question de la composition du CSM devait être décidée il y a longtemps par le parlement, mais celui-ci a abdiqué de son devoir. Quelqu’un n-a-t-il pas intérêt à maintenir cet état des choses ? », a demandé M. Radev. Il a également commenté l’interview de ce matin sur bTV de la présidente du groupe parlementaire du GERB, Dessislava Atanassova, dans laquelle celle-ci reconnaît être « la dame » à laquelle M. Guechev a téléphoné pour lui demander si elle avait été tenue au courant du projet de sa destitution. « Il n’est pas normal que le procureur général communique avec des politiciens. Nous observons ce dont nous parlons depuis des années : il y a une ingérence politique dans le fonctionnement du Parquet et de la justice en général », a souligné le chef de l’Etat. (tous media)

Balkans

De nouvelles tensions entre la Bulgarie et la Macédoine du Nord.

« Le discours que la Bulgarie tient à l’égard de la Macédoine du Nord est malheureusement très similaire à celui que la Fédération de Russie tient à l’égard de l’Ukraine », a déclaré le Premier ministre macédonien, Dimitar Kovacevski lors du sommet du Conseil de l’Europe à Reykjavik. « Il est inacceptable d’abuser de telles accusations à des fins politiques, surtout en ce moment crucial pour l’avenir de l’Europe », a-t-il-dit. « Nous ne devrions pas permettre l’influence de pays tiers, en particulier de la Russie, au cœur des Balkans ».

Les propos du Premier ministre macédonien faisaient écho à la déclaration de la vice-présidente de la Bulgarie, Mme Ilyana Yotova qui a décidé de soulever la question des droits des Bulgares en Macédoine du Nord à cette occasion : « Je parle de leurs droits, qui sont systématiquement violés et non reconnus, je parle des Bulgares qui sont soumis à des harcèlements et à des restrictions. Je voudrais vous rappeler que la République de Macédoine du Nord est sur le point d’entamer des négociations d’adhésion à l’UE. Il y a quelques mois à peine, un jeune homme de la République de Macédoine du Nord a été battu parce qu’il avait déclaré son identité ethnique bulgare. Les clubs bulgares sont incendiés, une loi a été adoptée qui interdit pratiquement leur fonctionnement », avait-elle plus tôt affirmée.

« La Macédoine du Nord est internationalement reconnue comme une société multiethnique moderne et fonctionnelle où tous les droits sont respectés. Tous les rapports le confirment. Les accusations sont totalement infondées et proviennent d’un pays qui ne respecte pas les arrêts de la CEDH et les normes du Conseil en matière de droits de l’homme », a répondu ensuite M. Kovacevski.

Les nouvelles tensions apparaissent à un moment où le principal parti d’opposition en Macédoine de Nord, le VMRO-DPMNE, a estimé que « dans cette composition, le parlement n’a ni le mandat ni la légitimité pour ouvrir ou modifier la constitution du pays, sans élections ».

Pour rappel il y a un jour, le commissaire européen à l’élargissement, Olivér Várhelyi était en visite en Bulgarie. Devant lui, le chef de l’Etat bulgare, M. Roumen Radev s’est plaint de « la discrimination systématique croissante, de l’arbitraire policier, administratif et judiciaire contre les associations bulgares ». (tous médias)

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Dernière modification : 18/05/2023

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