Mercredi 13 avril

L’audition

Avis partagés sur la prestation d’Irina Bokova devant l’Assemblée générale des Nations Unis

Le grand oral pour la succession de Ban Ki-moon au secrétariat général de l’ONU, a commencé hier à la salle du Conseil de tutelle au siège de l’ONU à New York. Un grand jury composé des Etats membres et de la société civile avec pour modérateur, le président de l’Assemblée générale, a entendu hier les trois premiers des huit candidats : Srgjan Kerim (ex-République yougoslave de Macédoine), Vesna Pusić (Croatie), Igor Lukšić (Monténégro), Danilo Türk (Slovénie), Irina Bokova (Bulgarie), Natalia Gherman (Moldavie), António Guterres (Portugal) et Helen Clark (Nouvelle-Zélande).

La presse bulgare rend compte de la façon dont s’est déroulée l’audition de la candidate bulgare. Comme le veut cette nouvelle épreuve de sélection répondant à une « demande de transparence » formulée par l’Assemblée générale de l’ONU, l’audition de Mme Bokova a commencé par un exposé de sa part. En introduction, elle a présenté la Bulgarie, comme « l’une des cultures et des histoires les plus anciennes qui a eu ses moments de gloire et de tolérance, un pays qui après la chute du mur de Berlin a emprunté la voie de la démocratie ». Mme Bokova a déclaré avoir fait partie de la génération qui a contribué à frayer le chemin de la démocratie en Bulgarie et avoir travaillé en tant que membre du gouvernement bulgare à l’unification de l’Europe.
« L’unification au nom de la paix, du développement durable et de la dignité – le nouveau visage de l’humanisme du monde actuel, telle est ma vision pour l’ONU », a déclaré la candidate bulgare.
Les nouvelles menaces tels que la paix comme les conflits, la violence et la crise, qui obligent des millions de personnes à quitter leur domicile constituent les nouveaux défis à relever par l’humanité. L’extrémisme déchire la société alors que les changements climatiques, la pollution de l’environnement et l’épuisement des ressources naturelles ne conditionnent qu’en partie la migration et la pauvreté dans le monde. Dans ce contexte, le rôle de l’ONU et de la diplomatie multilatérale devient de plus en plus crucial, dans la mesure où ces nouvelles menaces et la stabilité impliquent des réponses globales inspirées par le leadership collectif. Seule l’ONU est capable d’assurer les bases et les actions communes dont le monde a besoin.
Les droits de l’homme constitue l’un des piliers fondamentaux de l’ONU et leur violation par quiconque est inadmissible. En outre, le XXIème siècle doit être celui de l’égalité des sexes, celui qui permettra de mettre fin à la violence contre les femmes, sans quoi les objectifs de la paix et de la stabilité ne pourraient être atteints.
L’ONU est l’organisation de tous les pays, des plus petits comme des plus grands, des pays développés comme ceux qui sont en développement. Le dialogue avec toutes les régions géographiques est important car il permet une vision plus profonde de l’avenir et des solutions plus efficaces.

Mme Bokova a répondu aux questions posées par les représentants des 193 Etats membres de l’Assemblée générale de l’ONU dans le cadre d’une discussion informelle. Elle s’est engagée à respecter le principe de la transparence de la sélection des personnels du Secrétariat général ainsi que le principe de la représentation géographique comme elle l’avait toujours respecté pendant les sept dernières années à la tête de l’UNESCO, « la charte de l’ONU dans la poche ». Elle entend confier aux femmes plus de responsabilités.

Interrogée à plusieurs reprises sur la réforme du Conseil de sécurité, Mme Bokova n’est pas rentrée dans les détails, observe ClubZ. Ce même site informe qu’Irina Bokova n’a pas répondu à la question posée par le représentant ukrainien de l’ONU concernant son engagement à assurer le respect de la résolution du Conseil de sécurité sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Comme cette question est venue à la fin de son audition dans le cadre de quatre questions successives, la candidate a regretté ne pas disposer d’une « baguette magique pour résoudre toutes les questions, tous les conflits et confrontations » mais s’est engagée à « travailler dur avec tous les pays membres de l’ONU en vue de la mise en œuvre de toutes les décisions adoptées ».

« Madame Bokova s’est sortie habilement de tous les pièges comme celui que constituait la question du représentant ukrainien », a commenté l’Agence France presse, citée par Mediapool.

Selon Radan Kanev, député non inscrit, le silence de Mme Bokova au sujet de l’Ukraine et du régime communiste « dissimulé par son appartenance prétendue à la génération qui a lutté pour la démocratie » risque de faire échouer la candidature bulgare à ce haut poste.

Femme, originaire d’un pays de l’Est, directrice générale de l’Unesco depuis 2009, acceptable par la Russie, M. Bokova est considéré comme la candidate favorite et son audition a été suivie avec beaucoup d’attention, précise la presse bulgare se référant au Guardian. Le journal britannique craint tout de même qu’Irina Bokova ne soit trop « douce » dans sa position à l’égard d’éventuelles interventions militaires de Moscou dans des pays comme l’Ukraine, la Syrie et d’autres. Un diplomate de l’ONU dont ce quotidien ne cite pas le nom a qualifié l’audition de Mme Bokova de « sèche et grise et qui risque de diminuer ses chances ». En revanche, Associated Press, cité par Mediapool considère que Mme Bokova a bien joué sa carte. TASS qui met en valeur toutes les qualités et l’expérience de Mme Bokova, préfère rappeler son diplôme de l’Institut d’Etat de relations internationales de Moscou (MGIMO). (24 tchassa, ClubZ, mediapool.bg)

La burqa

La ville de Pazardjik en passe d’interdire pour des motifs d’ordre public le port de vêtements à connotation religieuse

Todor Popov, maire de Pazardjik (Sud) a demandé au conseil municipal d’interdire le port de la burqa à l’intérieur des bâtiments publics de cette ville. Un projet d’amendement au règlement municipal d’ordre intérieur, qui sera examiné le 28 avril prochain par le conseil municipal, officialisera cette interdiction dont le non-respect sera sanctionné par une amende de 500 leva ou, en cas de récidive, de 1 000 leva.

Cette interdiction est motivée par des nécessités d’ordre public. « Nous ne pouvons pas garantir la sécurité des citoyens si le visage des gens qui entrent dans les bâtiments publics n’est pas découvert. […] Cacher son visage dans des lieux publics est incompatible avec les règles de conduite généralement admises et mine la sécurité des citoyens », estime le maire. Selon lui, le port de la burqa, qui devient de plus en plus fréquent à Pazardjik ces dernières années, empêche les contrôles d’identité, même dans les cas où la personne présente une carte d’identité.

A Plovdiv, des conseillers municipaux de l’ORIM (élus sous l’étiquette du Front patriotique) préparent également des amendements au règlement d’ordre intérieur de leur municipalité visant à interdire des vêtements et coiffes religieux tels que les burqas, tchadors, hidjabs ou niqabs. Selon le député Iskren Vesselinov, vice-président de l’ORIM et du groupe parlementaire du Front patriotique, leur coalition réfléchit à l’introduction d’amendements à la loi sur les cultes et au Code pénal visant à proscrire le fait de couvrir sa tête et son visage pour des motifs religieux sur la voie publique et dans les institutions et établissements publics.

Il y a une dizaine de jours, à Pazardjik, lors de sa visite au Parquet régional, le procureur général Sotir Tsatsarov avait indiqué que la loi sur les cultes a besoin d’une sérieuse refonte vu les nouvelles réalités et qu’il faut trouver le juste équilibre entre la liberté de culte et la protection de la société. Sa visite dans la ville a coïncidé avec une audience de l’affaire des quatorze imams accusés de propagande d’islam radical, de haine religieuse et de djihad. « Je suis d’avis qu’une telle interdiction [de la burqa] doit exister en ce qui concerne les établissements scolaires, les lieux publics, comme cela a été fait dans d’autres pays européens. Mais il faut qu’il y ait un débat, qu’on y porte beaucoup d’attention, parce qu’interdire est la chose la plus facile à faire. Et c’est aux autorités exécutives compétentes d’ouvrir ce débat », a-t-il souligné.

Par ailleurs, la presse annonce qu’une lycéenne de 16 ans a été exclue de l’école à Valkossel, commune de Satovtcha (région de Blagoevgrad) pour avoir porté le voile en classe. Selon le directeur de l’école, la direction n’avait pas eu d’autre choix après avoir beau essayé de convaincre la jeune fille de se conformer au caractère laïc de l’établissement. Le père de l’élève exclue, diplômé en islam à l’université d’Amman, en Jordanie, et expert auprès du grand muftiat, a porté plainte devant le tribunal administratif de Blagoevgrad. Il y a quelques années, une autre élève de la région de Blagoevgrad, exclue pour le port d’un foulard aux motifs religieux, a dû poursuivre ses études dans l’école musulmane à Momtchilgrad (région de Kardjali), loin de son village natal. (Sega, Standard, 24 Tchassa, mediapool.bg)

L’interview

Le référendum d’initiative populaire sera organisé le « plus vite possible »

Dans une interview pour 24 tchassa, Danaïl Kirilov, président de la commission parlementaire des affaires juridiques, revient sur l’initiative de Stanislav Trifonov (connu par le grand public comme Slavi), animateur de l’émission de variétés quotidienne « Slavi’s Show » d’initier un référendum sur la réforme du système politique du pays. Après une vérification des signatures collectées et déposées au secrétariat de l’Assemblée nationale en février dernier (voir la revue du 9 février), le Registre de l’état civil (GRAO) en a validé 572 650. Ainsi, l’initiative de Slavi Trifonov a réussi à dépasser le seul de 400 000 signatures de citoyens ayant le droit de voter, requis par la loi sur les référendums (voir la revue du 8 avril).

Ce référendum sera organisé le plus vite possible, affirme M. Kirilov. Le débat au sein de la commission et en salle plénière devrait être organisé dans un délai d’un mois après dépôt de la décision officielle du GRAO à l’Assemblée nationale. Le temps ne sera pas suffisant pour organiser le scrutin début juin, explique M. Kirilov, mais selon lui fin juin-début juillet serait envisageable [selon les derniers amendements de la loi sur les référendums, quand un référendum est organisé dans une année lors de laquelle des élections sont prévues, les deux doivent être organisés simultanément. Le référendum initié par Slavi Trifonov devait donc coïncider avec l’élection présidentielle en octobre prochain]. M. Kirilov explique que cette exigence qui a été adoptée sera maintenant débattue lors des débats sur les amendements du code électoral et de la loi sur la participation directe des citoyens au gouvernement du pays. Le but est de diviser les deux votes.

Quant aux six questions initialement prévues dans le projet de référendum (voir la revue du 8 avril), il faudra d’abord que la commission des affaires juridiques examine leur admissibilité constitutionnelle ; la décision les conserver toutes avec leur formulation initiale dépend également du débat en salle plénière [lors du débat sur la demande de referendum, introduite par le président de la République et adossée au soutien de 570 000 Bulgares qui prévoyait trois questions portante sur le mode de scrutin, les députés n’en avaient retenus qu’une : la question sur le vote électronique : voir les revues des 28, 29 et 30 juillet 2015].

Au cas où le taux de participation requis par la loi pour la validation du référendum serait dépassé [il doit être le même que celui des dernières élections législatives, considéré par les spécialistes comme inatteignable lors d’un référendum] et si le peuple se prononce en faveur du vote obligatoire [comme prévu par une des questions], l’Assemblée nationale devrait amender le code électoral pour que cette nouvelle exigence puisse entrer en vigueur pour l’élection présidentielle d’octobre. Mais, rappelle M. Kirilov, dès maintenant, lors des débats actuels sur l’amendement du code, cette idée est déjà soumise au débat parlementaire. Une décision anticipée en ce sens n’est pas exclue, explique le président de la commission des affaires juridiques. (24 tchassa)

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Dernière modification : 13/04/2016

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