Mercredi 22 juin

Politique

Les débats d’hier sur la motion de censure au Parlement

Huit heures remplies d’accusations mutuelles de mensonges et de corruption entre la coalition au pouvoir et l’opposition – c’est ce à quoi a ressemblé le débat hier sur la motion de censure contre le gouvernement de Kiril Petkov, introduite par le GERB. Comme on pouvait s’y attendre, la discussion a dépassé le sujet principal de la motion - la politique économique et financière du Conseil des ministres - et a largement repris les disputes politiques de la semaine dernière lorsque la démission du président du Parlement, Nikola Mintchev, a été votée.

Le premier ministre, le vice-premier ministre et le ministre régional démissionnaire sont entrés dans de vifs débats au sujet de la politique du gouvernement et des relations au sein de la quadruple coalition qui s’est effondrée suite au départ d’ « Il y a un tel peuple ».

Le vote de défiance est prévu pour aujourd’hui à 19h10 et coïncidera avec les protestations autour du bâtiment de l’Assemblée nationale, les unes pour soutenir le gouvernement, et les autres pour demander sa démission. Le résultat du vote déterminera si M. Petkov restera au pouvoir, ou si la procédure constitutionnelle de formation d’un nouveau gouvernement au sein de la même législature sera enclenchée. Pour être adoptée, la motion de censure doit recueillir 121 voix. Dans ce cas, le gouvernement devra démissionner et continuera à exercer ses fonctions jusqu’à l’élection d’un nouveau gouvernement.

Hier, le premier ministre, Kiril Petkov, a annoncé que si le vote de défiance à l’égard de son gouvernement est adopté, il continuera à compter sur la recherche de soutien de députés en dehors de la coalition. S’adressant aux journalistes à l’Assemblée nationale, il a appelé cela « un plan B », qui interviendra lorsque le Président de la République confiera le premier mandat exploratoire pour la formation d’un nouveau gouvernement à « Poursuivons le changement » comme le veut la procédure.

« Les motifs du vote de défiance contre le gouvernement sont arrogants et sans fondement », a déclaré la vice-première ministre Kornelia Ninova (PSB).

« La plupart d’entre vous ont compris qu’il s’agit d’argent et il n’est point question d’éthique ou de politique économique et financière », a déclaré Mme Ninova. « Le pouvoir parallèle de derrière les coulisses s’est vu menacé parce que le changement a commencé et parce qu’il voit son seul salut dans le renversement de ce cabinet et dans le retour au statu quo. »

Jusqu’à présent, les députés de « Poursuivons le changement », du PSB, de « Bulgarie démocratique » et les six indépendants (qui se sont séparés d’Il y a un tel peuple) comptent 115 voix, tandis que le soutien nécessaire pour adopter un nouveau gouvernement est de 121 si tous les 240 députés votent.

Deuxième jour de manifestations pour et contre le gouvernement

Hier soir, deux manifestations parallèles, l’une pour et l’autre contre le gouvernement, ont eu lieu des deux côtés de l’Assemblée nationale, séparées par une forte présence policière et une zone tampon interdite d’accès aux manifestants des deux côtés. Une centaine de personnes, organisées par le parti nationaliste et prorusse « Renaissance » et insistant sur la démission du gouvernement, ont appelé le premier ministre, Kiril Petkov, à descendre sur la place pour les rencontrer. S’adressant aux protestataires, M. Petkov leur a rappelé que le gouvernement avait besoin de deux tiers des députés pour remplacer le procureur général, Ivan Guéchev, et a déclaré que cette majorité qualifiée ne peut pas être atteinte en raison des voix du GERB et du MDL. « Pensez-vous que si ce gouvernement tombe, Guéchev ne se sentirait pas mieux ? Nous avons un objectif commun au sujet de Guéchev », a-t-il expliqué.

Après cela, le premier ministre s’est joint, avec d’autres membres de la coalition au pouvoir, aux milliers de personnes qui manifestaient en soutien du gouvernement. « Je crois que quoi qu’il arrive après le vote de demain [aujourd’hui], rien ne pourra nous arrêter. Tant que nous sommes ensemble, rien ne peut nous arrêter et personne ne peut s’emparer de la Bulgarie », a déclaré M. Petkov.

Plus tôt dans la journée, plusieurs autres rassemblements contre le gouvernement ont eu lieu. Des maires et des conseillers municipaux de l’association « Tolérance », regroupant 60 communes, ont demandé la démission du gouvernement, mécontents de la politique du pouvoir central à l’égard des autorités locales. Y ont participé le maire de Kardjali du MDL, Hassan Azis, et le maire de Bélitsa, Radoslav Révanski, anciennement député du MDL. Le leader de ce parti, Moustafa Karadaya, est sorti pour rencontrer ces manifestants. Une autre manifestation, du parti nationaliste ORIM, a eu lieu en même temps, mais les participants à celle-ci ont quitté la place peu de temps après car ne voulant pas être associés au MDL.

De nouvelles manifestations sont prévues pour ce soir, au moment du vote de la motion de censure contre le gouvernement. (tous médias)

L’absence de quorum a bloqué la séance parlementaire

Faute de quorum, la séance plénière de l’Assemblée nationale, prévue pour ce matin, n’a pas eu lieu. À l’ordre du jour, il y avait l’élection d’un nouveau président du parlement, suite à la destitution de Nikola Mintchev (PLC) la semaine dernière, mais aussi l’ouverture d’une procédure d’élection d’un nouveau président de la Commission anti-corruption. Bien qu’ils fussent présents dans le bâtiment de l’Assemblée nationale, les députés du GERB, du MDL, d’ITP et de « Renaissance » ne se sont pas inscrits pour la séance, empêchant ainsi l’enregistrement du quorum requis de 121 voix. Par ailleurs, aucune force politique n’avait présenté de candidature à la présidence de l’Assemblée nationale. Le parti ITP a même annoncé son intention de proposer aux députés de retirer l’élection du président de l’ordre du jour.

Borissov demande au PM Kiril Petkov de prendre immédiatement une décision en soutien de la proposition de la Présidence française du conseil de l’UE visant la Macédoine du Nord, que le GERB soutiendra

Le GERB soutiendra une décision du gouvernement approuvant la proposition de la présidence française, susceptible de débloquer le processus d’ouverture de négociations d’adhésion de la Macédoine du Nord et de l’Albanie à l’UE, a déclaré le président du parti Boïko Borissov lors d’une conférence de presse ad hoc. Il a appelé le premier ministre Kiril Petkov à ne pas se cacher derrière l’Assemblée nationale et à convoquer immédiatement le Conseil des ministres pour qu’une telle décision soit prise. Si cela ne se produit pas, M. Borissov est prêt à initier, avec son groupe parlementaire et les groupes d’autres partis euro-atlantiques, l’introduction au parlement d’un tel projet de décision. Qualifiant la proposition française de « très bonne et donnant le meilleur cadre à l’élargissement de l’UE dans les Balkans », le leader du GERB a conclu que son parti s’opposera à la poutinisation et ne permettra pas que la Bulgarie et les Balkans restent du côté obscur de l’Eurasie.

Aujourd’hui, à partir de 15 heures, la commission parlementaire des affaires étrangères entendra la ministre des Affaires étrangères Teodora Guentchovska sur la proposition de la présidence française visant le règlement du différend entre la Bulgarie et la Macédoine du Nord et le déblocage du lancement de négociations d’adhésion avec cette dernière.

Ce matin, de passage à Plovdiv, le président de la République Roumen Radev a de nouveau appelé les politiciens bulgares à être responsables. Lundi, il a critiqué la décision du gouvernement de transférer à l’Assemblée nationale l’élaboration d’une position bulgare sur la proposition française. « Le Conseil des ministres ne doit pas se cacher derrière l’Assemblée nationale, (…) et nous attendons de lui la prise de décisions claires et responsables en ce sens », a déclaré M. Radev. Selon lui, les politiciens bulgares ne doivent pas se presser de crier victoire dans le différend avec la Macédoine du Nord, car le protocole bilatéral comporte des lacunes et l’amendement de la Constitution macédonienne ne sera qu’un premier pas sur la voie de l’intégration européenne. « Le protocole bilatéral proposé n’offre pas de garanties suffisantes ni en tant qu’actions, ni en tant que mécanismes, délais ou critères mesurables. Ce protocole, qui sera incorporé dans le cadre de négociation, est l’élément qui doit garantir la véritable protection des intérêts bulgares, y compris le revirement dans le processus de débulgarisation », a expliqué le président. Il a en outre appelé les institutions compétentes à « préciser » non seulement le protocole, en comblant les lacunes, mais aussi le mécanisme européen de contrôle. (tous media)

Le Saint-Synode a reconnu l’Église de Macédoine du Nord, mais a reporté la décision sur son nom

Hier, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe de Bulgarie a examiné les lettres adressées par le patriarche œcuménique Bartholomée et par le patriarche de Serbie Porphyre, concernant le statut canonique de l’Église macédonienne. Après avoir salué à l’unanimité « la levée du schisme et l’entrée en communion canonique et eucharistique avec l’Église orthodoxe de Macédoine du Nord », la plus haute autorité de l’Église bulgare a décidé cependant de reporter la question du nom sous lequel elle reconnaît comme canonique l’Église macédonienne. En mai dernier, le patriarche œcuménique Bartholomée a reconnu l’Église macédonienne sous le nom d’Archevêché d’Ohrid, « à l’intérieur des frontières de l’État de Macédoine du Nord ». Après lui, l’Église orthodoxe de Serbie a reconnu l’Église macédonienne sous le nom de « Église orthodoxe de Macédoine – Archevêché d’Ohrid ». Réagissant sur-le-champ à la nouvelle de la décision du Saint-Synode et accusant celui-ci d’être aux ordres de l’État laïque bulgare, le président macédonien Stevo Pendarovski s’est exclamé lors d’une interview sur la chaîne de télévision locale « 24 » : « "Quelle honte ! L’Église orthodoxe bulgare déclare qu’elle reconnaît l’Église macédonienne, mais qu’elle va réfléchir sur son nom ultérieurement. Qui êtes-vous pour réfléchir ? ». (tous media)

Défense

10 anciens ministres lancent un appel en soutien à l’Ukraine et à la modernisation des Forces armées bulgares

Quatre anciens ministres des Affaires étrangères et six anciens ministres de la Défense ont publié une lettre ouverte par laquelle ils appellent les autorités bulgares à moderniser les équipements militaires des Forces armées et à exprimer de façon claire leur solidarité avec l’Ukraine, notamment via l’envoi d’armements et de munitions à ce pays. Ils insistent pour que la Bulgarie renonce à l’usage d’armements soviétiques, qualifiés de « physiquement et moralement obsolètes », et qui constituent « la colonne vertébrale matérielle des Forces armées bulgares ». Les anciens ministres demandent également à ce que la Bulgarie adopte une position catégorique, lors du prochain Sommet de l’OTAN à Madrid, en faveur de la présence avancée renforcée de l’Alliance en Bulgarie, « pour garantir la sécurité de notre pays dans cette situation critique ».

En réponse, l’actuel ministre de la Défense, Dragomir Zakov, a réfuté une partie des constatations faites dans cette lettre, affirmant que la position hésitante de la Bulgarie et l’absence de modernisation des équipements étaient « une fonction du passé, et non pas du présent ». « Pour la première fois depuis son adhésion à l’OTAN, la Bulgarie a une position claire, ferme et cohérente, au cours des trois derniers mois, sur la présence avancée ! Ce qu’aucun des collègues qui ont signé cette déclaration n’a eu le courage de faire en 18 ans », a-t-il ajouté. (Mediapool, Svobodna Evropa)

Covid

Bilan

• Cas confirmés : 1 168 818 (+ 310 en 24h, dont 57,74% non-vaccinés)
• Guérisons : 1 069 984 (+ 481 en 24h)
• Décès : 37 230 (+ 3 en 24h, dont 66,67% non-vaccinés)
• Hospitalisations : 273 (dont 32 en soins intensifs)
• Vaccins administrés : 4 405 571 (+ 402 en 24h)
• Personnes avec un parcours vaccinal complet : 2 061 103
• Personnes ayant reçu le rappel : 762 587

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Dernière modification : 22/06/2022

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