Vendredi 2 mars

Politique

Les media relatent en détails la réunion conjointe des commissions parlementaires de l’énergie et du contrôle des services de sécurité qui a tenté hier après-midi de confronter les points de vue de députés et représentants des autorités compétentes et des services de sécurité, de la Banque bulgare pour le développement, de Mme Guinka Varbakova et de son équipe de juristes. Des représentants de la présidence de la République, l’ambassadeur tchèque à Sofia, des journalistes y étaient également conviés. Le débat a duré cinq heures et demie et était retransmis en directe par des chaînes de télévision. Une petite partie de la séance s’est déroulée à huis clos en raison des informations sensibles exposées. (tous media)

Le président de la Commission pour la régulation de l’énergie et de l’eau, Ivan Ivanov a de nouveau souligné que son autorité n’a pas la compétence d’intervenir avant l’entrée en vigueur du contrat. Le changement de propriétaire n’entraîne pas de répercussions sur la licence déjà accordée à l’opérateur bulgare ČEZ et le régulateur a pour vocation de contrôler le respect des conditions de la licence, a-t-il répété. Le vice-président de la Commission pour le contrôle financier, Boïko Atanassov, a également relevé que son institution n’était pas compétente pour assurer une surveillance préalable des marchés conclus. (tous media)

La présidente de la Commission pour la protection de la concurrence, Youlia Nenkova, a informé les députés que le régulateur était compétent pour mener une enquête uniquement à la suite d’une demande de concentration introduite par l’acquéreur Inercom et que l’on n’était pas encore dans un tel cas de figure. (tous media)

La directrice de l’Agence nationale des recettes, Galia Dimitrova, a indiqué à son tour que ses services étaient en train de vérifier l’acquéreur Inercom EOOD. Mais vu qu’elle était immatriculée l’année dernière, la société n’avait pas d’historique et n’avait pas encore déclaré ses impôts 2017, le délai étant jusqu’au 31 mars. (tous media)

L’Agence de privatisation a également décliné toute responsabilité en relevant que le délai de contrôle post-privatisation sur l’entreprise de distribution d’énergie électrique, privatisée par ČEZ, s’était écoulé en 2008. (tous media)

Selon les informations fournies aux députés par les chefs de l’Agence d’Etat pour la sécurité nationale (DANS) et l’Agence d’Etat du renseignement, les actifs bulgares de ČEZ étaient évalués à 225 millions d’euros, ce qui indique que le prix négocié par l’acheteur bulgare Inercom serait largement surestimé (320 millions d’euros d’après des sources officieuses). Le groupe ČEZ avait envisagé son retrait du marché bulgare dès 2010 et, à cette date, il évaluait ses actifs bulgares à quelque 240 millions d’euros. Lors de la dernière procédure de vente, en 2017, parmi les favoris ont figuré Energo-pro [un autre opérateur tchèque en Bulgarie] et une compagnie de l’homme d’affaires Hristo Kovatchki, celle-ci offrant 302 millions d’euros (offre améliorée plus tard à 360 millions d’euros). L’offre de la société de Guinka Varbakova a progressé de 290 millions à plus de 300 millions d’euros, selon les données présentées par la DANS. Par ailleurs, en 2010, 2014, 2015 et 2016, le Parquet avait enquêté sur des faits et des personnes liés à Inercom, mais sans aboutir à des mises en examen. (tous media)

Le chef de la Banque bulgare pour le développement, Stoyan Mavrodiev, a réfuté les publications dans la presse tchèque en déclarant que sa banque n’avait pas mené des entretiens ni pris d’engagements en vue de financer ou refinancer la transaction entre ČEZ et Inercom. Accusant de manipulation la direction du groupe ČEZ, il a toutefois indiqué qu’Inercom avait bien déposé une demande de refinancement concernant l’emprunt de ČEZ auprès de la BERD, mais a assuré que son établissement ne l’avait pas encore examinée. (tous media)

Dans son exposé devant les députés, la propriétaire unique d’Inercom, Guinka Varbakova, a expliqué le scandale provoqué autour de la transaction avec des intérêts des candidats écartés. Soulignant qu’elle-même, mais aussi le groupe ČEZ, étaient soumis à une pression politique en Bulgarie et en République tchèque pour des raisons économiques, elle a indiqué que ceux qui avaient perdu la compétition honnête essayaient maintenant, en distordant l’environnement médiatique et en diffusant des mensonges et des insinuations, de « gagner d’office ». Mme Varbakova a mis en garde que ses juristes étaient en train d’examiner toutes les attaques mensongères contre elle et qu’elle était prête à défendre ses droits en justice. (tous media)

Mme Varbakova a aussi précisé que d’après une des clauses du contrat signé, l’acquéreur s’engage à ne pas céder, pendant une période assez longue, ses parts dans l’opérateur ČEZ. Quant au financement de l’opération, celui-ci sera assuré par des fonds propres à hauteur de 20 ou 30% et par des fonds empruntés. (tous media)

Le groupe ČEZ n’est pas informé des événements à Sofia et de l’intention du gouvernement de M. Borissov d’entrer avec une participation de contrôle dans l’opérateur bulgare de ČEZ, a indiqué la porte-parole de la compagnie, Alice Horjakova. « Le 23 février dernier, au moment de la signature du contrat, nous avons reçu une garantie bancaire inconditionnelle et irrévocable, d’un montant de 5 millions d’euros, concernant le paiement du prix stipulé dans le contrat », a-t-elle soulignée, citée par le quotidien tchèque Lidové noviny. (dnevnik.bg)

Sous l’intitulé « Court-circuit », l’hebdomadaire Capital consacre son dossier de la semaine au scandale ČEZ. Une interview avec Mme Guinka Varbakova y est insérée. (Capital)

Dans une interview accordée à Nova, Tomislav Dontchev, vice-premier ministre, a souligné qu’« il doit être procédé à l’éventuelle acquisition par l’Etat d’une part majoritaire au sein de la société acquéreur de ČEZ avec beaucoup de précaution dans la mesure où tout acte non mesuré peut nous coûter très cher au sens propre du mot ». (nova.bg)

Ikonomist consacre deux articles à la vente controversée de la société ČEZ. Dans le premier, Plamen Enev pointe l’absence d’acheteurs stratégiques pour l’achat des actifs de ČEZ Bulgarie dont l’ancien directeur opérationnel, Peter Baran, a déclaré que la société avait décidé de quitter la Bulgarie il y a 5 ans en raison de l’insécurité du climat d’affaires, et souligne par ailleurs l’effet dissuasif qu’aura ce scandale à l’égard des autres investisseurs étrangers. Dans le deuxième, Stella Nenkova et Emil Petrov livrent une analyse détaillée de cette vente « qui s’est empêtrée dans une avalanche de données et de déclarations contradictoires tant en Bulgarie qu’en Tchéquie ». Selon ces deux journalistes, des circonstances pouvant compromettre la sécurité nationale vouerait à l’échec la vente. L’article 92, al.1 de l’Ordonnance sur les activités soumises à licence permet à Commission de régulation (KEVR) de ne pas autoriser « une transaction relative à l’existence d’une garantie, y compris un nantissement enregistré ou une hypothèque sur des biens servant à effectuer l’activité soumise à licence » (Mme Varbakova a déclaré dans son interview que « l’emprunt sera garanti par les actions de la société qui fait l’objet de la transaction ») ; cet article est interprété au sens étroit de « nantissement enregistré ou hypothèque sur des biens » par la KEVR et non pas de « garantie » au sens large comme l’entendent les spécialistes et le prévoient l’esprit et la lettre de la disposition. Cependant, la KEVR dispose également de la possibilité de ne pas confirmer la licence immédiatement après la finalisation de la transaction en mettant en danger l’alimentation en électricité des abonnés, ce qui impliquerait de trouver d’urgence un autre fournisseur. Enfin, le retrait des banques à cause de l’impact négatif de la transaction sur leur image annulerait la transaction.

A l’issue de sa rencontre avec l’ambassadeur de la République tchèque, Dušan Štrauch, Kornelia Ninova a déclaré que le PSB réfléchit conjointement avec des juristes à l’introduction d’un recours collectif auprès d’une juridiction bulgare ou tchèque en vue de l’arrêt de la vente de ČEZ Bulgarie. (tous media)

Sous l’intitulé « La schizophrénie de la semaine », Sega démontre la métamorphose des prises de positions du premier ministre à l’égard de la vente ČEZ Bulgarie. M. Borissov qui, le 23 février, a déclaré que le gouvernement ne peut en aucun cas empêcher une transaction entre deux sociétés privées, le 1er mars a fini par demander « le contrôle absolu » sur cette transaction et l’obtention par l’Etat d’une participation de contrôle. (Sega)

Selon un sondage expresse de Gallup International Bulgarie mené du 28 février au 1er mars sur un échantillon de 800 personnes de plus de 18 ans, 93% sont au courant de la vente controversée de ČEZ Bulgarie, 72% considèrent cette transaction comme anormale et inacceptable, 16% - comme normale. 72% veulent que l’Etat annule la transaction, alors que 17% considèrent que l’Etat ne doit pas intervenir. Enfin, 75% soutiennent l’idée de l’achat de ČEZ Bulgarie par l’Etat, 20% sont contre et le reste hésite. (Standart)

Dans une interview accordée à l’Agence TASS, Roumen Radev souligne que la libération a encore renforcé les relations entre les peuples bulgare et russe qui du fait de leur nature spirituelle sont capables de surmonter tout l’hiver politique. Selon M. Radev, l’europhilie ne signifie pas russophobie et les tentatives d’isolement politique de la Russie ne profitent à aucun des pays. (tous media)

Le patriarche russe Cyrille arrive aujourd’hui en Bulgarie à l’occasion du 140ème anniversaire de la signature du traité de San Stefano et sera accueilli à l’aéroport par la vice-présidente de la République, Iliana Yotova. Il participera samedi aux festivités à Chipka et assurera dimanche le service liturgique conjointement avec le patriarche Neofit à la cathédrale Alexandre Nevski. (tous media)

24 tchassa publie une interview de Simeon Saxe-Coburg-Gotha, ancien premier ministre, qui analyse son rôle au sein du Conseil des Sages auprès du premier ministre, sa contribution à l’avenir européen de la Bulgarie et sa disponibilité pour aider la Bulgarie grâce aux portes qui lui sont ouvertes du fait de ses origines. (24 tchassa)

Balkans occidentaux

La tournée dans les Balkans occidentaux du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s’est terminée hier à Sofia. Après avoir commencé par des entretiens bilatéraux entre le premier ministre bulgare et les dirigeants des pays balkaniques aspirant à l’adhésion à l’UE, la journée s’est terminée par une rencontre du président de la Commission, M. Juncker avec les dirigeants des six pays des Balkans occidentaux. Organisée sous la houlette du premier ministre bulgare Boïko Borissov, ont pris à cette rencontre part la haute représentante de l’Union pour les affaires extérieures Frederica Mogherini et le commissaire à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage Johannes Hahn, ainsi que, de la part des pays balkaniques, deux présidents (Hashim Thaçi de Kosovo et Aleksandar Vučić de Serbie), et trois premiers ministres (Duško Marković de Monténégro, Edi Rama d’Albanie et Zoran Zaev, ARYM). En raison des mauvaises conditions météorologiques, le président de Bosnie-Herzégovine, Dragan Čović, n’a pas pu prendre part à la rencontre. (tous media)

Lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre, le président Juncker a qualifié sa tournée dans les Balkans de très chargée et très riche. « L’UE est engagée de façon très forte avec la perspective européenne des Balkans, nous sommes prêts à continuer dans cette direction et nous voyons le même désir chez nos partenaires qui veulent entreprendre les réformes nécessaires en vue d’adhérer à l’UE ». Revenant sur sa déclaration du début de son mandat, selon laquelle aucun pays des Balkans occidentaux n’arriverait à adhérer à l’UE pendant la mandature de la Commission, M. Juncker a souligné qu’il était nécessaire aujourd’hui d’« accélérer l’adhésion, le rapprochement de nos relations de partenaires, [de] repenser les statuts de candidat pour les uns et voir quand pourrait avoir lieu l’adhésion. Cela aura lieu, à condition que l’ensemble des critères soient remplis, en 2025 éventuellement ». Plus loin, le chef de la Commission a relevé qu’à ce jour, aucun de ces pays ne satisfaisait encore à toutes les conditions malgré les énormes progrès réalisés. « Je veux souligner encore une fois que nous devons travailler ensemble pour lutter de façon efficace contre la criminalité organisée, contre la corruption. Les pays qui veulent entrer dans l’UE doivent mettre fin à leurs conflits territoriaux bilatéraux avant d’y adhérer », a-t-il déclaré avant de passer à la dimension économique de l’adhésion. (tous media)

« Nous devons tourner notre attention vers la situation économique dans la région, parler de la connectivité entre les différents pays, nous mettre d’accord sur la mise en œuvre des 155 principes qui sous-tendent l’union économique de la région et sur les modalités convenues à Trieste. Je voudrais qu’à Sofia, lors du sommet en mai sous l’égide de Boïko, nous puissions mettre au point comment nous travaillerons afin que cette région tellement importante pour l’Europe améliore sa connectivité », a dit M. Juncker. « Je rentre à Bruxelles plus convaincu encore que la place des Balkans occidentaux est au sein de l’UE. L’adhésion n’est pas un rêve, mais quelque chose de réalisable », a-t-il conclu. (tous media)

Intervenant à son tour devant les journalistes, le premier ministre Borissov a souligné que le processus d’adhésion des Balkans occidentaux à l’UE n’était dirigé « ni contre la Russie, ni contre la Turquie, ni contre qui que ce soit de nos voisins ». Plus loin, il a voulu mettre l’accent sur les projets d’infrastructure. « La tournée de M. Juncker a permis [à la Commission] de constater à quel point exécrable était la connectivité dans les Balkans. Nous comptons beaucoup sur l’aide de l’UE, sur le financement hybride. Nous nous sommes posé l’objectif ambitieux d’avoir d’ici le sommet en mai des projets concrets pour des chemins de fer, autoroutes, infrastructure numérique ». Parmi les projets les plus importants, M. Borissov a cité l’autoroute entre Kosovo et Belgrade et les corridors européens 4, 8 et 10. Il a aussi avancé l’idée d’uniformiser les tarifs d’utilisation des autoroutes et les tarifs douaniers dans les Balkans, ainsi que d’alléger au maximum les procédures frontalières. (tous media)

Dans une interview accordée à Tonia Dimitrova de la télévision nationale (BNT), Johannes Hahn, commissaire chargé de l’élargissement, souligne qu’il est indispensable que les Etats des Balkans occidentaux aient résolu leurs conflits bilatéraux afin de pouvoir adhérer à l’UE. Dans ce sens, la stratégie qui ouvre une perspective d’adhésion constitue une possibilité et une pression positive en vue de la solution de ces conflits bilatéraux et Skopje en est un excellent exemple car il a démontré comment des conflits bilatéraux doivent être résolus, idéalement sans l’aide d’un Etat tiers, tant concernant le nom du pays, que la conclusion du traité de bon voisinage avec la Bulgarie, déjà ratifié par les parlements. « Certes, le défi le plus important à relever par la région est celui de la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie. Et là encore, la stratégie permettra à ces peuples de comprendre qu’en contrepartie de la solution de ce conflit, c’est la perspective européenne qui leur sera offerte et pas seulement à la Serbie, comme Pristina nous le reprochait avant, mais à tous les pays. D’ailleurs, 80% de la population de ces pays soutiennent l’intégration européenne et y voit la conciliation, une meilleure vie, de meilleurs perspectives pour eux et pour leurs petits enfants », ajoute le commissaire, en précisant que le processus de l’élargissement n’est pas incompatible avec celui de la sortie du Royaume-Uni de l’UE. (bnt.bg)

Dans une interview pour 24 Tchassa, le président de l’ARYM, Zoran Zaev, exprime la satisfaction générale des dirigeants des pays des Balkans occidentaux de l’engagement sérieux de la Bulgarie à imposer la question de l’adhésion de ces derniers comme thème principal de la présidence bulgare. Concernant les projets d’infrastructure, l’ARYM est déjà prêt et a obtenu des financements pour la construction du corridor 8, le projet le plus important de son point de vue, destiné à relier le pays à la mer Noire et à la mer Adriatique. (24 Tchassa)

24 Tchassa indique qu’une rencontre bilatérale a eu lieu à Sofia entre le président serbe Vučić et son homologue du Kosovo Hashim Thaçi. En l’absence de toute information sur le contenu de l’entretien, le journal relève que les deux chefs d’Etat ont gardé la tradition de ne pas se mettre l’un à côté de l’autre pour les photos. (24 Tchassa)

Dernière modification : 02/03/2018

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